Administration et anniversaire

Le lendemain, malgré les protestations du père de MaiZhen qui trouve que l'euro est trop bas et qu'il faut attendre, on va à la banque pour échanger nos traveller's checks en euros contre des yuans (RMB, renminbi, ce qui veut dire "monnaie du peuple"). Comme d'habitude pour aller en ville c'est un peu compliqué : quand on descend du bus on avise une banque pas loin de là, mais elle ne gère pas les changements de monnaie, et il faut, comme le craignait MaiZhen, prendre un autre minibus pour aller à la banque centrale.
On arrive et on s'installe dans le grand hall, on est assez vite appelés. Avant d'aller au guichet, on doit voir une employée qui a un petit bureau près de l'entrée, qui vérifie notre demande et nous fait préparer tous les documents nécessaires. Pendant ce temps, elle discute avec MaiZhen, puis comme je suis étranger elle me demande de vérifier les traductions en anglais des formulaires : régulièrement des hommes d'affaires occidentaux vont à ShiYan et doivent effectuer des opérations bancaires, mais il y a quelques rubriques qu'en général ils ne comprennent pas, et comme peu de chinois parlent bien anglais il est difficile de les aider.
Effectivement certains termes n'étaient pas très bien choisis et je lui propose des traductions qui me semblent plus appropriées, qu'elle note religieusement dans un gros cahier. Ensuite elle sort dudit gros cahier un bout de papier sur lequel est écrit une phrase en anglais, qu'elle me demande de lire à haute voix : en effet elle doit la dire à chaque fois qu'un étranger vient changer ses sous, mais elle n'est pas sûre de sa prononciation. Je m'exécute donc avec bien sûr un bel accent bien franchouillard. En fait la phrase explique que pour tout changement de monnaie (comme pour nous) la banque facture 10%, ouille.

Après ce petit intermède, et un peu d'attente en plus, on se retrouve devant le guichet. Au début tout semble bien se passer, mais au bout d'un moment l'opératrice part poser des questions à son chef un peu trop souvent à mon goût. Après quelques échanges avec MaiZhen, elle nous apprend que pour cette opération, il faut présenter sa carte d'identité. Or on est presque sûrs que la carte d'identité est périmée, puisque ça fait une bonne demi-douzaine d'années que MaiZhen n'est pas revenue assez longtemps pour la faire refaire, et que celle qui traîne probablement dans sa chambre n'est même pas biométrique comme les plus récentes. Jusqu'ici elle a présenté son passeport, qui est accepté partout comme une pièce d'identité alternative ; mais ici, on est dans sa province d'origine, et le directeur de la banque considère que seules les cartes d'identité peuvent être acceptées. Absurde, et pas très sympa, puisque ça veut dire qu'elle doit aller à la préfecture pour en faire faire une nouvelle.
On tente de négocier auprès de différents interlocuteurs un peu plus haut dans la hiérarchie, mais rien à faire. On ne peut que rentrer chez nous, obligatoirement en bus puisqu'on n'avait même pas pris assez de monnaie pour payer le taxi. Au passage, on a quand même de quoi acheter, dans une échoppe, des petits pains fourrés avec de la viande hachée et des crudités, ça nous console un peu.

En fait, on retrouve la carte d'identité qui n'est pas périmée, mais tant qu'à faire MaiZhen décide d'aller à la préfecture (c'est sur le chemin du centre-ville) le lendemain, car on ne sait pas quand on reviendra en Chine.
Elle y va avec son petit cousin, ils se disputent comme à chaque fois qu'ils interagissent plus de quelques minutes. Pendant ce temps je passe la matinée avec Ulysse et les parents de MaiZhen.

Le soir, c'est l'anniversaire de MaiZhen. Ce n'est pas une date très importante pour sa famille, car c'est l'anniversaire du calendrier grégorien, alors qu'ils calculent avec le calendrier de la lune (dont le 1er jour de l'année est la bien connue nouvelle année chinoise ; l'utilisation officielle du calendrier grégorien est assez récente en Chine). On les traîne quand même au restaurant.

Ca se passe vers l'entrée du quartier, pour y aller il faut marcher assez longtemps. En passant on va au marché qui est après le pont (dont j'ai déjà parlé), on le traverse, et quand sort de l'autre côté il n'y a plus que quelques rues à passer.
On arrive dans un petit restaurant au 1er étage d'un immeuble, dans lequel on a réservé une pièce avec une table ronde munie d'un plateau tournant, comme dans tous le restaurants chinois. On pose les affaires, on laisse le bébé aux parents, et on repart chercher des boissons : sodas, bières, au magasin qui est juste à côté. On a prévu de faire une excursion le lendemain, donc on en profite pour prendre des provisions.
Quand on revient au restaurant, le neveu Yang-Yang est en train de jouer au Mah-Jong avec sa grand-mère sur une table automatique. C'est une petite table carrée couverte d'un tapis vert avec 4 emplacements pour que 4 joueurs placent leurs jetons, et au milieu il y a un cercle. Quand on appuie sur un bouton, tous les jetons se mélangent à l'intérieur de la table, puis les 4 emplacements s'enfoncent et remontent avec les jetons tout bien alignés, prêts à être joués. Il y a même des boutons qui simulent un dé. A la fin de la parte, le cercle du milieu se soulève, on jette tous les jetons dans le trou qui apparait, quand on a fini on fait redescendre le rond et les pièces se re-mélangent automatiquement. C'est magique!
Il faut dire que le MahJong est très populaire par ici, la mère et la belle-soeur de MaiZhen passent beaucoup de temps à y jouer avec leurs amies. Il y a aussi des clubs, il paraît même que les sommes en jeu sont parfois importantes, bien qu'il soit théoriquement interdit de jouer pour de l'argent.
La table peut aussi servir de table à langer pour Ulysse, au début j'avais peur que les employés du restaurant ne soient pas très contents, en fait apparemment ils ne le remarquent même pas. Plus tard pendant le repas, Ulysse peut également jouer à cogner 2 jetons l'un contre l'autre.




Le repas est copieux, certains plats sont assez piquants mais d'autres sont très bons : soja, soupe, charcuterie, légumes verts... il y a un peu de tout. Il y a de l'anguille, mais ça fait trop d'arêtes pour mon fin gosier. Tout au long du repas, on trinque pour se féliciter de choses et d'autres. Quand on s'ennuie trop ou que des gens commencent à fumer, j'emmène Ulysse faire un tour dans le restaurant, mais ce n'est pas très grand et on se fait vite repérer par un enfant plus grand qui est très intrigué.
A la fin du repas, MaiZhen mange un bol de nouilles très longues qui symbolisent le souhait d'une vie tout aussi longue, ainsi qu'un gros oeuf qui porte bonheur.

On rentre assez tard, dans une nuit très chaude. Je me rends compte qu'il y a peu d'éclairage la nuit, et également que plusieurs restaurants et magasins ont des enseignes lumineuses que je n'avais même pas vues. Dans certaines rues, les enseignes sont les seules lumières, vu qu'il n' a toujours pas de trottoir par endroits ce n'est pas très rassurants. Mais on arrive chez nous sans encombre, et on fait prendre son bain à Ulysse.
Enfin on essaye de se coucher assez vite, car le lendemain on se réveille à la première heure pour aller à WuDang Shan.

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