Quelques jours de récupération à ShiYan

Quand je me réveille à-peu-près, il faut que j'aille prendre ma douche : en effet l'entreprise qui fournit l'eau du quartier ne donne de l'eau chaude qu'entre 19h30 et 21h30, comme avant, et c'est déjà presque fini. Pendant que j'étais au lit, MaiZhen et sa mère ont commencé à ranger des affaires et ont fait prendre son bain à Ulysse, je ne me suis rendu compte de rien.
Quand Ulysse dort on passe un moment à montrer des photos aux parents de MaiZhen, puis on va aussi se coucher très vite car ma petite sieste n'a pas suffi.
Le lendemain, Ulysse se réveille très tôt et commence à pleurer. On va le sortir du lit (c'est le lit à barreaux de son cousin qui a maintenant 11 ans), quand, sans frapper ni rien demander à personne, la mère de MaiZhen entre dans la chambre et commence à le prendre dans ses bras. Comme on est encore fatigués on laisse faire, au bout de quelques temps MaiZhen va les rejoindre. Quand j'arrive à me lever, il est déjà un peu tard.

Comme expliqué précédemment, la ville de ShiYan est en lice avec 4 autres villes pour le titre de ville la plus propre. Je n'avais pas vu les conséquences de ce concours jusqu'ici, mais ce matin-là, j'apprends que tous les vendeurs à la sauvette ont été priés de rester chez eux. D'habitude, le petit-déjeuner est constitué de nouilles sautées ou de baozi, achetés au coin de la rue ; mais cette fois, impossible d'en trouver, je suis très déçu car les baozi que j'avais mangé la dernière fois que j'étais venu étaient très bons.

Finalement la mère de MaiZhen revient avec du pain chinois, qu'on prend avec du thé. Mes jambes sont encore traumatisées par les 24h de train, mais on ne va pas rester toute la journée à la maison, donc on va faire des courses. Il fait toujours très chaud, heureusement qu'on a la poussette avec ombrelle.
Dans la rue, peu de choses ont changé depuis la dernière fois, on marche sur une route très irrégulière sur laquelle bus, voitures et camions (dont beaucoup de cabines de camions qui viennent d'être assemblées dans l'usine toute proche) passent sans trop ralentir, alors qu'il n'y a pas de trottoir avant un bon moment et qu'il y a pas mal de monde sur la chaussée.
En 10 minutes, on arrive devant une boutique où les clients font la queue devant une petite fenêtre. C'est une boulangerie, mais renseignements pris il n'y a plus de baozi (pour en trouver, il faut se lever tôt).

On va plutôt dans le petit magasin qui est à côté. Les rayons sont un peu étroits pour la poussette, mais on se débrouille. On va voir ce qu'il y a comme couches, les rayons sont très peu fournis car en général les chinois n'en utilisent pas.
Ici les enfants ont un pantalon fendu à l'entrejambe, ils se promènent cul à l'air ; à intervalles réguliers les parents doivent les mettre dans une position adaptée et siffler doucement pour qu'ils fassent pipi, et ils doivent également guetter quand le bébé se prépare à faire une crotte. Durant mon séjour, j'ai quand même pu constater que les accidents sont fréquents, mais en règle générale peu de familles utilisent les couches et ça marche très bien, même si petit à petit certaines prennent l'habitude. Ainsi à Shanghai, on avait vu un petit garçon se promener avec son pantalon fendu et une couche qui en dépassait...
On regarde quelques autres articles, on prend de l'eau minérale pour Ulysse (une marque chinoise de bonne qualité cette fois), des petits pains briochés pour le lendemain matin, et on va payer. Au comptoir, un haut-parleur scande des phrases avec un ton de révolutionnaire en campagne. En fait, il égrène la liste des promotions en cours...
On a tout ce qu'il nous faut et on rentre à la maison, accompagnés de la mère de MaiZhen qui revient du marché. Pour notre plus grande joie, Ulysse s'endort sur l'épaule de sa grand-mère (les journées précédentes n'étaient pas du tout reposantes, et il n'a pas très bien dormi).

A midi, le petit neveu (Yang-Yang) et la belle-soeur (saozi) de MaiZhen viennent manger, comme presque tous les jours. En effet, encore cette année, Yang-Yang est à l'école qui est juste à côté (l'année prochaine ce sera le collège, qui est un peu plus loin), et saozi travaille dans une usine qui n'est pas très loin, ce qui lui laisse le temps de venir pendant la pause.
Ulysse a vite vu que c'est très amusant d'attraper le nez de Yang-Yang et de serrer fort, et comme ce dernier est gentil il se laisse faire. Saozi aussi aime beaucoup s'occuper d'Ulysse, elle insiste pour le prendre pendant qu'on mange et pour nous aider à lui donner son repas.
On avait pris l'habitude de donner des légumes bio à manger à Ulysse, ici ce n'est pas possible car ça n'existe pas (pas dans les magasins que j'ai vu en tout cas). A défaut on épluche et cuit bien les légumes que la mère de MaiZhen a ramenés du marché, et on mixe le tout avec notre mixeur qu'on a ramené spécialement dans nos valises.




L'après-midi, on est encore tous très fatigués et on dort un peu. On fait des petits tours en bas de chez MaiZhen. Problème : toutes les voisines, amies de la maman de MaiZhen, souvent retraitées, se retrouvent en bas des immeubles pour éplucher des légumes, tricoter... en discutant. A chaque fois qu'Ulysse apparaît, on s'exclame, on lui tape les cuisses, et puis on commence à vouloir le prendre dans les bras. Comme partout où on est allés jusqu'ici en fait, mais en bien pire. Elles ont l'air tellement convaincues qu'on va les laisser porter le bébé sans problème, qu'il faut vraiment leur montrer explicitement que non (que ce soit le 1er jour ou au bout de 3 semaines!)
On évite de les laisser le prendre trop souvent, car en général leurs mains ne sont, euh, pas très propres (ne serait-ce que parce qu'elles viennent de passer 2h à éplucher des légumes dans la rue), et qu'il faut surveiller attentivement, et le reprendre quand elles commencent à le passer à leur tour à quelqu'un d'autre...

Le soir, le frère de MaiZhen est là aussi. D'habitude il ne finit pas sa journée avant 21h, mais pendant quelques jours il s'arrange pour pouvoir être avec nous vers 19h. Il part le matin à 6h, et ce tous les jours. Ce n'est pas le cas de tout le monde, en général il y a 1 ou 2 jours de repos par semaine, mais lui est devenu chef de ligne : il a un meilleur salaire (environ 600 euros par mois, pas mal pour un travail à l'usine en Chine), mais également plus de responsabilités. La belle-soeur, elle, a des horaires plus raisonnables et est libre le samedi et le dimanche pour s'occuper de son fils.

La nuit est difficile car Ulysse a un sommeil perturbé et se réveille plusieurs fois. De plus, quand il commence à pleurer, la maman de MaiZhen prend l'habitude de débarquer dans la chambre, ce qui n'arrange rien à mon avis. OK, on évite de le laisser pleurer car dans tous les appartements à côté il y a des gens qui travaillent et se lèvent tôt, mais pas la peine non plus de faire une réunion de famille à chaque fois qu'on va le consoler. Au bout de quelques fois, je m'énerve un peu, et ça s'arrange.

Les premiers jours à ShiYan sont à-peu-près semblable. Encore assommé par les effets conjugués du décalage horaire, du train et des perturbations nocturnes, je récupère petit à petit. Il fait encore très chaud dans la journée, et on sort assez peu, à part pour les courses. Faire un tour en bas de l'immeuble devient vite lassant, comme expliqué au-dessus ; et le lac qui est au-dessus de la vallée (la ville est construite derrière une grande digue) est presque à sec et très marécageux, et l'accès est interdit.

Parfois dès le matin, on part en expédition pour trouver de quoi manger. Normalement, outre les vendeurs ambulants, on peut aussi acheter à manger dans des échoppes. Mais le concours de propreté est encore passé par là : des inspecteurs ont fait une tournée, et ont fait fermer pour quelques temps les établissements non conformes aux règles sanitaires en vigueur. Conséquence, TOUTES les échoppes autour de chez MaiZhen sont fermées... Il faut donc marcher une bonne dizaine de minutes, pour arriver jusqu'à un petit marché de l'autre côté de la rivière. En faisant le tour, on rencontre souvent les voisines ou les amies de MaiZhen ou de sa maman.
Là, on peut acheter des bols de nouilles chinoises dans une échoppe où les nouilles sont faites à la main. Le cuisinier balance violemment la pâte contre un plan en bois, jusqu'à ce qu'elle soit bien allongée, puis la plie et recommence, en la laissant s'allonger de plus en plus. Ensuite les nouilles sont cuites puis servies dans de grands bols avec plein de bons légumes, un peu piquant pour des papilles occidentales mais en ce qui me concerne j'ai l'habitude. Le tout dans une ambiance... ben... quartier ouvrier le matin.

Quelques jours après, on se sent un peu moins fatigué, et on part faire des courses dans un magasin plus grand mais plus lointain. Après être arrivés sur la place du petit marché il faut encore parcourir une distance équivalente en longeant la rivière. Un gros parapet de béton empêche d'accéder à la rivière, par contre il n'y a pas d'autre trottoir qu'un bord non goudronné, et c'est un peu dangereux de côtoyer plein de véhicules qui ne font pas forcément attention quand ils croisent des piétons. MaiZhen et sa maman retrouvent beaucoup de connaissances sur le trajet, et je n'aime pas trop les discussions si près de la circulation...
Au bout d'un moment on passe par un virage situé sous un petit pont, où les voitures n'ont aucune visibilité sur ce qui arrive en face. Pas question de ralentir pour autant, il suffit de klaxonner pour avertir de son approche! Il y a des habitations et des petits commerces juste à côté, je ne sais pas comment les gens font pour supporter ce bruit continuel.
On arrive finalement au magasin, il est construit au-dessus de la rivière et on y accède par un pan incliné. Comme souvent dans ce quartier, les constructions en béton au-dessus de la rivière semblent bien vieilles, ainsi que les poteaux de fer qui les soutiennent. Il est effectivement plus fourni que le petit magasin près de chez nous, mais, à ce moment-là en tout cas, il y a plus de vendeurs (ou de vigiles?) que de clients. Très vite ils commencent à avoir beaucoup de choses à vérifier près des endroits où on va avec Ulysse. Juste à côté il y a aussi un marché beaucoup plus grand, MaiZhen et sa maman en profitent.

Un soir, on décide d'aller voir le match de basket du petit neveu. Pour aller à son école, il faut encore aller jusqu'au petit marché, et revenir en longeant la rivière. La 1ère fois que j'étais venu, la rivière laissée presque à sec était remplie de petits potagers, malgré la couleur douteuse de l'eau qui restait. Mais depuis il y a eu quelques accidents dûs aux tuteurs en bambous qui se bloquaient sous les ponts quand les digues étaient ouvertes, et c'est plus strictement interdit. Ca n'empêche pas les écoliers de traverser à pied ou de rentrer chez eux par la rivière.
Quand on arrive à l'école où se déroule le match, le gardien refuse absolument de nous laisser entrer : il trouve que c'est dangereux d'amener un bébé au milieu de tous ces ballons de basket. Il a raison bien sûr, mais il le dit de manière tellement agressive et malpolie qu'il réussit à mettre MaiZhen en rogne. En fait, apparemment, quelques semaines avant, deux écoliers qui faisaient l'école buissonnière se sont noyés dans les sables mouvants du fleuve à sec, et la responsabilité de l'école a été engagée, les gardiens sont donc particulièrement sourcilleux.
Pour revenir on veut traverser la rivière par les passerelles en fer pour piétons qui font face à l'école. On s'engage sur l'une d'entre elles, mais après quelques pas, tout le monde nous crie de revenir. On prend donc l'autre, et en effet au milieu on voit que celle qu'on avait commencé à emprunter est effondrée à mi-chemin.
Après la passerelle on se retrouve dans une petite cour, à quelques pas de la route principale. MaiZhen s'arrête pour dire bonjour à quelqu'un qu'elle connaît, et là c'est le drame : d'abord quelques grands-mères s'approchent d'Ulysse, puis un grand bébé avec son papa, puis tout un groupe d'écoliers sur le chemin de la maison veulent s'approcher et le toucher. Ils sont très gentils, mais je suis quand même rassuré quand on parvient à s'éclipser.

Quand le week-end arrive on a à-peu-près récupéré, et on décide d'aller faire un tour en ville, accompagnés de Yang-Yang et saozi. On laisse Ulysse à ses grands-parents et on va vers l'arrêt du bus, mais il se fait attendre, et comme un taxi passe par là (fait assez rare dans ce quartier isolé) on se précipite dessus. On parcourt le trajet jusqu'au centre-ville, dangereusement mais on arrive quand même, et on s'arrête en face d'un restaurant. C'est plutôt un fast-food à la chinoise, où Yang-Yang et sa mère, puis finalement MaiZhen vont prendre un petit-déjeuner. Je n'ai pas compris tout le système, avec des jetons à prendre à un comptoir pour aller chercher des plats à d'autres comptoirs, mais finalement j'ai cherché moi-même un des plats, et l'ambiance est très conviviale (apparemment beaucoup de jeunes se donnent rendez-vous là).
Ensuite on prend un petit minibus à héler, qui nous amène à notre quartier de destination. On va d'abord dans un grand magasin d'électronique. En fait la plupart des produits présentés sont des grandes marques internationales, et les prix pratiqués sont équivalents à ce qu'on trouve chez nous. En passant on croise un ami de saozi avec qui on discute un peu, il nous explique que pour trouver des marques chinoises plus intéressantes il vaut mieux aller dans les petites boutiques, je m'en doutais un peu. Dans sa main il tient un crabe vivant, il nous explique qu'il l'amène à son fils pour qu'il joue avec.
On continue en faisant le tour des magasins de photo, il y en a pas mal car c'est très populaire. On cherche un studio pour faire des photos d'Ulysse, à chaque fois on nous explique comment ça se passe et on nous montre quelques exemples d'albums. Comme pour les photos de mariage, les bébés sont habillés dans plusieurs genres de costumes différents, plus ou moins kitsh, et les photos sont accompagnées de petits textes en chinois et en anglais, bien dégoulinants et plein de fautes. En passant, saozi et Yang-Yang ont un petit creux et s'arrêtent à un snack, où ils achètent des genres de sushi/maki faits devant nos yeux. Goût : anchois frits, ketchup! J'ai goûté, je me suis forcé à finir mais c'étais pas facile. Pourtant apparemment ça a beaucoup de succès.
Après avoir traversé la place du peuple, on trouve des vêtements pour Ulysse : c'est le cadeau de saozi. On visite un dernier magasin de photos, puis on se sépare. Saozi et Yang-Yang continuent leur tour en ville pendant qu'on va dans le grand magasin qui est place du peuple. Le retour se fait en bus, et au bout d'une trentaine de minutes on retrouve notre bébé.



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