Le train et l'arrivée à ShiYan

On pensait avoir prévu large, mais le taxi nous apprend qu'à cette heure-là il y a souvent des embouteillages. En fait ça ralentit juste de temps en temps, on monte de nouveau sur un très grand pont, on traverse la ville sur une autoroute un peu en hauteur, et au bout d'un moment on aperçoit une grande structure circulaire. C'est la gare.
On empoigne nos valises et notre bébé et on entre. A l'entrée, un scanner pour les valises et un portique pour les voyageurs, comme dans les aéroports (comme dans toutes les gares en Chine). La gare est vraiment grande, en plus il n'y a pas beaucoup de monde ce jour-là. Le hall d'accueil est circulaire aussi, il occupe tout le bord de l'enceinte ; et pour accéder aux quais, il faut descendre au milieu de la gare. On commence à y aller, mais MaiZhen montre son billet à une des nombreux agents qui sont là, et elle nous indique que ce n'est pas le bon escalier. En fait il faut aller de l'autre côté. On marche un peu vite car on n'a plus trop de temps, on fait donc presque tout le tour de la gare comme ça. Enfin on trouve la bonne entrée, et on descend par un escalier qui arrive directement sur le quai, qui est sous la gare.
Les quais sont plus classiques, on trouve directement notre wagon et notre compartiment et on commence à s'installer. Quelques minutes plus tard, le train part. Pour le moment il n'y a que nous dans le compartiment, chouette!

Lors de notre dernier voyage, on avait pris des couchettes dures, pour lesquelles les compartiments étaient séparés par de simples cloisons entre les lits et aucune porte. Cette fois c'est plutôt comme chez nous, avec des compartiments de 4 couchettes bien fermés. En effet MaiZhen avait peur que tous les gens qui passent dans le couloir (et il y en a beaucoup) ne dérangent Ulysse.
Je constate vite que c'était bien vu. A peine le contrôleur a-t-il vu Ulysse, en train de jouer tranquillement appuyé sur les jambes de sa maman, qu'il lui touche le nez en rigolant puis, sans nous demander notre avis, le prend dans ses bras. Il a beau expliquer qu'il adore les enfants bien qu'il n'en ait pas lui-même, MaiZhen, qui s'est levée tout de suite, le lui reprend dès que ce n'est pas trop impoli, non mais sans blague.



A part cet incident le voyage commence bien. Les parents installés sur leurs couchettes, Ulysse peut jouer à côté d'eux bien calé entre le mur et les jambes, on échange les places de temps en temps. Au bout de quelques stations un passager arrive et s'installe sur une couchette du haut.

Le train est parti à 17h30 et ici le soir tombe vite, donc on ne regarde pas le paysage très longtemps.
Le train va jusqu'à Chengdu, la capitale du Sichuan. C'est là que le tremblement de terre a eu lieu 3 ans avant exactement, on ne s'étonne donc pas que le discours du 1er ministre à cette occasion soit retransmis dans les hauts-parleurs du train.
A l'heure du repas on va chercher de l'eau chaude (toujours disponible au bout du wagon), on prépare nos nouilles instantanées pour nous et un petit pot au bain-marie pour Ulysse.

La nuit c'est un peu plus difficile. On pourrait mettre Ulysse sur une couchette du bas, calé avec oreiller, et occuper la couchette disponible en haut. Mais d'après le garçon qui voyage avec nous, le train est complet (il a dû faire jouer ses relations pour obtenir une place ici) et la couchette qui reste ne sera probablement pas disponible tout le temps. On a peur que des gens arrivent dans la nuit et ne voient pas Ulysse, et par conséquent on décide qu'il dormira toujours avec un d'entre nous.
On se relaie donc pour dormir à côté de lui, mais ce n'est vraiment pas confortable (déjà que dormir en train n'est pas forcément facile, sans compter que celui-ci est vraiment très bruyant). La nuit passe difficilement, et on se lève presque en même temps que le soleil (presque car il se lève quand même très tôt).
Au réveil, on est au milieu de la campagne chinoise. Le train passe à travers des rizières, des champs où paissent les buffles et où les travailleurs (paysans, ouvriers qui travaillent sur la voie ferrée...) portent le fameux chapeau chinois. Les routes sont souvent en terre, et les véhicules qui passent dessus semblent bien fatigués.
On a le temps de regarder autour de nous : le temps de trajet prévu est presque 23h. Il reste donc une douzaine d'heures. Durant la matinée ça devient un peu plus montagneux, les ponts et les tunnels commencent à se multiplier.


On peut se promener un peu dans le train, mais on en a vite marre : le couloir entre les compartiments est très étroit, il est rapidement encombré par les voyageurs, et on se retrouve souvent coincés entre des gens qui veulent faire des papouilles à Ulysse. Quand le train s'arrête à l'énorme gare de Wuhan dans la matinée (enfin, une des gares : Wuhan est une ville très étendue et on passe par plusieurs arrêts), MaiZhen va faire un tour sur le quai avec le bébé, mais ça ne dure pas très longtemps.
A midi on va au restaurant qui est dans le wagon juste à côté. C'est assez animé, comme d'habitude tous les regards se tournent vers Ulysse. L'interdiction de fumer n'est pas à l'ordre du jour en Chine, ni dans les restaurants ni dans les trains, et très vite quelques personnes autour de nous commencent à s'en griller une. Heureusement ils sont compréhensifs, et quand MaiZhen leur explique que c'est très mauvais pour le bébé ils acceptent de les éteindre.
La cuisine n'est pas exceptionnelle, mais c'est toujours mieux que les nouilles instantanées. Par contre, on demande des verres pour accompagner nos boissons, ce qui est une mauvaise idée : le fond est plein de poussière, pas très appétissant. Avec en plus le fait que les sièges soient très proches de la table (normal) et que Ulysse ait très envie de tirer la nappe, on a vite fait de finir le repas et de revenir au compartiment.

L'homme qui était arrivé au début repart un peu plus tard, ensuite c'est une femme, qui va jusqu'à Chengdu et qui discute un moment avec MaiZhen. Elle a un fort accent du Sichuan, même moi je le remarque.
La station avant la ville de MaiZhen est Wudang Shan, une montagne sacrée du kung-fu dont je reparlerai. Les occupants du train sont déçus car ils ne voient pas l'entrée de la montagne, bien sûr la gare a été construite dans le village qui s'étend en contrebas et l'entrée est bien loin d'ici. On est en pleine montagne, on traverse de nombreux tunnels et des grands ponts. Sur les pentes des montagnes il y a parfois des petits temples, en fait ce sont des sépultures traditionnelles de la région.
On est impatients de sortir, entre autres parce qu'on a vraiment besoin de se dégourdir les jambes. On descend les valises, la poussette, on prépare tout et je prend Ulysse dans son porte-bébé. Bien équipés on se place stratégiquement près de la porte. Mais tout d'un coup, le train ralentit puis s'arrête. Ça arrive régulièrement, car parfois il n'y a pas autant de voies que de trains qui se croisent, donc on doit laisser passer un train en sens inverse ou se laisser dépasser par un train plus rapide. Mais là, ça s'éternise, et on attend finalement 20 bonnes minutes. Déjà qu'on était un peu en retard...

On descend donc du train au bout de presque 24h de trajet! Comme toujours dans les gares chinoises, pour sortir il faut passer par une file où un contrôleur vérifie les tickets. Dehors, on est attendus par le frère de MaiZhen et son ami qui a une voiture.
Dehors il fait lourd, on ne perd pas trop de temps et on embarque. ShiYan n'a pas trop changé depuis mon dernier voyage (Visiteur, tu ne connais pas ShiYan? Lis le blog de mon voyage fin 2007 pour découvrir cette sympathique petite ville industrielle de 3 millions d'habitants). Il paraît que la ville participe à un concours pour être la plus propre, mais là je ne vois pas trop la différence, de toute façon c'est toujours aussi poussiéreux.
Le trajet est long, mais quand même plus rapide qu'avant : la longue route qui va jusqu'à son quartier en passant à travers les montagnes, qui était en pleins travaux la dernière fois, est devenue une large 4-voies où on peut rouler vite.

Ulysse était en forme quand on est sortis du train, on l'a fait jouer avec une peluche-oreiller en forme de tigre que le frère lui a donnée. Mais au cours du trajet il finit par s'endormir. Puis finalement on arrive, les parents de MaiZhen sont très contents et nous font rentrer, et nous présentent le repas (ben oui, il est déjà 18h). J'ai pas du tout faim et après tout ce trajet je ne rêve que de me coucher, mais comme je suis poli je mange un peu.
Au bout d'un moment, je laisse Ulysse à sa maman et ses grands-parents qui l'entourent de mille attentions, et je vais faire un petit somme.

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