Arrivée à Shanghai

Comme c'est dimanche matin la route n'est pas très encombrée, il n'y a presque personne. C'est une grande voie rapide qui relie l'aéroport au centre-ville. Quelques minutes après avoir quitté l'aéroport, et alors que MaiZhen lui explique notre destination, le chauffeur s'arrête sur le bord pour regarder où c'est sur la carte car il ne connaît pas bien l'endroit. Les voitures qui nous suivent n'ont qu'à se débrouiller pour nous éviter comme elles peuvent.
Une fois qu'il a compris où on allait, c'est reparti. La route a beau être presque déserte, ça n'empêche pas les quelques véhicules croisés de rouler en plein milieu, de changer de voie n'importe comment... et notre taxi double joyeusement par la droite ou par la ligne blanche, heureusement qu'on lui avait dit de faire doucement à cause du bébé, je ne sais pas ce que ça aurait donné sinon.
Au bout d'un temps assez long (15 ou 20 minutes) on commence à arriver au centre-ville. On reconnaît les quartiers résidentiels de Pudong, la nouvelle zone économique, où, comme dans toutes les villes, les promoteurs immobiliers réalisent leurs programmes par lots. A Shanghai ça prend des proportions assez énormes : les immeubles font des dizaines d'étages et ont des styles propres. Ainsi on passe devant un pâté d'une dizaine de grands immeubles, TOUS de style pseudo-gréco-romain, TOUS avec la même imitation de temple à colonnes ridicule sur le toit ; puis c'est un style plus moderne, avec un pâté d'immeubles blancs à grandes vitres, tous avec les mêmes angles de vitres à chaque angle.
Pendant tout ce trajet le soleil tape fort, et on a déployé l'ombrelle pour protéger Ulysse. Il est presque 10 heures et on commence à avoir très chaud dans la voiture (c'est un taxi de base, donc sans clim). On ouvre la fenêtre, mais l'atmosphère étant un peu irrespirable, on la referme bien vite. Plus on rentre dans la ville à proprement parler, plus il y a de voitures, de bus et de camions.
Constamment horrifié par le comportement des conducteurs parisiens, j'avais oublié qu'on peut toujours faire pire. Mais au bout de quelques rues ça me revient, notamment quand deux bus qui veulent aller au même endroit en même temps essaient de se doubler, avec nous au milieu.
On finit par arriver à une fourche devant laquelle le chauffeur hésite, puis se décide pour la gauche. Au bout de quelques mètres on voit qu'il a perdu : le sigle de notre hôtel se distingue clairement au-dessus des immeubles sur la droite. Il fallait prendre une petite voie qu'on n'avait pas vue, complètement sur la droite. La voie du milieu, elle, montait jusqu'à un grand pont qui enjambe le fleuve tout proche. Pas possible de revenir tout de suite sur nos pas ; dès qu'on peut, le chauffeur se dirige vers le trottoir de droite. Mais la voie est à sens unique, on continue donc tout droit un moment.

En Chine, petite rue à sens unique + barrière en béton sur le côté ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire attention : on croise tout un tas d'entités qui roulent à contre-sens, vélos, motos, scooters, des gens qui tirent des carrioles, et même un bonhomme qui promène son bébé dans un landau!
Finalement on arrive sans casse à un grand carrefour, où on croise encore des gens qui tirent une carriole ; mais celle-là est remplie de table et de chaises. Remplie n'est d'ailleurs pas vraiment le mot : elle sert de socle à un immense empilement de tables et de chaises qui, quand elle traverse, occupe presque toute la largeur de la route (une 6 voies quand même). Quant à nous, nous faisons demi-tour pour enfin arriver à notre hôtel.

Ulysse s'est endormi au cours du trajet, et une fois la poussette dépliée et mise en position couchée on l'installe sans qu'il ne réagisse. On rentre vite dans le hall car dehors le soleil est vraiment agressif (après avoir payé le taxi bien sûr, prix : 15 euros pour ce trajet d'une bonne demie-heure, c'est la course la plus chère qu'on ait faite en Chine). Dedans il fait beaucoup plus frais, voire un peu froid, puisque la clim est à fond.
MaiZhen va s'occuper de demander la chambre, moi je reste près des valises avec la poussette. Mais très vite, l'agent d'accueil qui est près de la porte (un chinois d'âge mûr) fait un tour dans notre direction, et, mine de rien, s'arrange pour se placer de manière à bien voir le bébé. Du coup deux employées qui passaient par là interrompent leur trajet et viennent le regarder aussi, heureusement il dort toujours et elles ne l'embêtent pas trop, se contentant de discuter entre elles en rigolant. Alors que de plus en plus de gens arrivent et commentent ce qu'ils voient, et qu'Ulysse commente à se réveiller, MaiZhen revient et on monte dans l'ascenseur pour rejoindre notre chambre au 5ème étage.
La chambre n'a rien de particulier mais est tout-à-fait correcte, propre, avec 2 lits moyens, une douche... Elle offre une vue magnifique sur un vieux bâtiment aux larges fenêtres grillagées (je n'ai pas pu décider si c'était un atelier ou une école, mais je pencherais plutôt pour la 2ème solution), séparé seulement par une petite place. En se tordant le cou, on peut aussi apercevoir un des grands ponts qui enjambe la rivière HuangPu.
Il fait très chaud, mais bien sûr dès qu'on allume la clim, un grand souffle glacé nous tombe dessus. Toutefois impossible de s'en passer pour le moment, donc on décide que Ulysse ira dans le lit qui est loin de l'appareil, tandis que nous, adultes résistants, irons dessous. Au début impossible de dormir, il y a encore trop d'adrénaline et on se sent trop sales. Alors je me colle au montage de notre baignoire gonflable achetée exprès pour l'occasion, très jolie, assez pratique, mais avec quelques difficultés pour certains boudins (ceux du dessous surtout, il faut faire une manipulation spéciale pour que l'air arrive bien partout). On la remplit dans le bac de la douche, et on donne un bain bienvenu à Ulysse qui est de nouveau en pleine forme. Il adopte tout de suite sa nouvelle baignoire et essaie d'attraper le coussin rehausseur.
Ensuite on le sèche et on l'habille très légèrement, puis on se relaie pour rester avec lui et prendre chacun une douche à notre tour. Quand tout est fini et qu'on se sent mieux, MaiZhen le fait têter et il s'endort. On le cale alors entre 2 coussins et on s'endort à notre tour. Il est environ 11h, donc 5h du matin en France.

On dort sans problèmes malgré la chaleur écrasante, jusqu'à ce qu'Ulysse se prenne pour un réveil. En effet il est 13h30 en Chine et 7h30 en France, une heure à laquelle il se réveille souvent. Pour le coup ça tombe bien, le restaurant de l'hôtel ferme à 14h. On se prépare vite et on descend manger, un repas simple (du riz avec deux plats) mais convenable. On donne aussi un petit pot à Ulysse, un dessert, puis direction taxi avec pour destination la tour de la TV de Pudong.


Le trajet se déroule principalement sur de grandes avenues, pas très encombrées à cette heure. Au-dessus de nous, on aperçoit la plupart des buildings les plus impressionnants de ce quartier, et en particulier un drôle de gratte-ciel qui ressemble à un décapsuleur géant. Le taxi nous dépose à l'entrée du parc qui abrite la tour de la TV, effectivement c'est très grand. On est encore loin mais on voit bien que les "boules" aperçues depuis les alentours sont vraiment très massives. Toutefois MaiZhen y est déjà montée, moi ça ne m'intéresse pas et Ulysse s'en fiche vraisemblablement, et nous passons notre chemin. 

On avance donc pendant 10 minutes au milieu des hauts immeubles, dans l'atmosphère surchauffée, jusqu'à ce qu'on arrive au bord de la rivière HuangPu. Il faut un peu batailler pour arriver jusqu'au quai, car ça n'a pas été conçu pour les poussettes, et en avançant il faut modifier l'inclinaison de l'ombrelle au-dessus d'Ulysse car le soleil est vraiment très agressif. Une fois au bord de l'eau on peut un peu plus se détendre en admirant la vue sur la rivière et sur le Bund, là où toutes les puissances colonisatrices ont construit leurs comptoirs.
Au bord de l'eau un haut-parleur diffuse des chansons de variété chinoise. On prend une petite glace dans un kiosque d'une "chaîne de restauration rapide américaine bien connue" qui se trouve planté là, puis on se dit qu'on traverserait bien la rivière. MaiZhen pose la question, on lui répond que pour ça il faut aller à la maison avec un toit rouge. Il y en a effectivement une un peu plus loin, et on va dans cette direction (avec toujours plusieurs escaliers à négocier avec la poussette). Surprise, c'est un magasin "Pizza Hut". Pas découragés, on continue dans la même direction puisqu'il y a encore une maison qui ressemble à la description un peu plus loin. Comme c'est dimanche il y a des petits groupes de personnes qui se détendent au bord de l'eau, mais il n'y a pas de grande foule, c'est assez agréable.
Finalement la maison qu'on avait vue n'est pas accessible, et en plus on est arrivés à une impasse. Pour repartir on doit passer par un petit sentier qui s'éloigne de l'eau, descendre un escalier puis faire tout un tas de zigzags pour retrouver la route. Comme on est motivés on reprend la direction qu'on nous avait indiquée, d'autant plus qu'il y a un flot léger mais continu de gens qui vont vers là-bas. Très vite, il n'y a plus de trottoirs (immeubles d'un côté, parc à côté de l'eau mais fermé par une barrière de l'autre), et tout le monde marche sur la route, heureusement à sens unique, mais quand même au milieu des camions et des bus qui ne ralentissent pas d'un iota, et puis quoi encore.
Quand on arrive finalement à l'embarquement des bateaux, on a marché 10 bonnes minutes dans des conditions pas très, euh, tourist-friendly (pas très touristique quoi).

Le bateau fait partie du réseau de transports de Shanghai, et comme partout en Chine, les prix des transports en commun ne sont pas comparables à chez nous : là c'est un peu plus de 30 centimes (3 yuan) pour un trajet, cher parce que c'est une grande ville. Les bateaux sont apparemment assez réguliers, on a à peine le temps de monter sur celui qui est à quai, que les portes se ferment et que c'est parti.
C'est un bateau pas très long mais bien large, dans la salle principale il y a des rangées de sièges (qui ont déjà bien vécu) qui s'alignent en face d'une grande baie vitrée à l'avant. Comme des jeunes parents se font prendre en photo avec leur bébé devant la baie, MaiZhen décide de faire pareil dès qu'ils ont fini. Le temps de prendre quelques photos, de discuter un peu avec les parents précédents (forcément) et de s'asseoir un peu, et le bateau est déjà arrivé. On descend, et comme il est plus de 16h et qu'il faut s'habituer à notre nouvelle heure on donne un goûter (compote, miam) à Ulysse.
Ça tombe bien, de ce côté c'est très propre, et il y a des bancs un peu partout. L'endroit a beau être très fréquenté par les touristes étrangers, Ulysse suscite toujours la curiosité et les chinois n'hésitent pas à venir le voir.

Une fois le goûter terminé, on monte sur le quai, une large promenade qui surplombe la rivière d'un côté et le Bund de l'autre. On a donc d'un côté là d'où on vient, avec une très bonne vue sur les grattes-ciels et la tour, et de l'autre sur les bâtiments coloniaux qui s'alignent. Maintenant ces bâtiments abritent en général des banques, et ils sont tous surmontés de plusieurs drapeaux de la République Populaire de Chine.  









On avance quelques temps en prenant force photos (et en se faisant prendre aussi en photo au passage, surtout Ulysse), puis au bout d'un moment le soleil commence à baisser sérieusement, et la température avec. On change Ulysse (avec la poussette, il suffit de la mettre en position couchée pour avoir une table à langer tout-à-fait convenable) et on revient sur nos pas.
Cette fois on doit attendre un peu que le bateau arrive, on est déjà sur le quai flottant. Une fois que le bateau est là et que les portes / grilles sont levées, on prend place (il y a plus de monde qu'à l'aller, mais ça reste très raisonnable). A la sortie, on se fait harceler par les taxis et les motos-taxis à trois roues qui veulent nous emmener, ainsi que par plein de gens qui donnent des prospectus pour... en fait je regarde pas vraiment. MaiZhen connaît un grand centre commercial avec plein de bons restaurants qu'elle a vu à l'aller, et on décide d'y aller. On n'est plus très loin, quand un grand vent se lève et que les nuages, qui se sont accumulés depuis tout-à-l'heure, prennent un air menaçant. Pas question d'attendre un taxi dans l'orage après la sortie du restaurant : dès qu'on en voit un, on le prend et on rentre à l'hôtel.

Finalement il n'y a pas de tempête, mais comme on est revenus et qu'on est assez fatigués on décide de ne plus trop bouger. Sauf qu'on a faim, et qu'on aimerait bien manger autre part qu'au restaurant de l'hôtel. On ressort donc avec notre poussette (et notre bébé), et on commence à marcher dans la rue.Il est à peine 19h30 mais la nuit est bien tombée. En marchant sur le trottoir, on loge la grande rue qu'on a pris en taxi à l'aller, et de l'autre côté on passe devant plein de petites ruelles qui s'engagent entre les immeubles. Dedans, c'est parfois des écoles, parfois des habitations pauvres, parfois des résidences privées, ou quelques magasins...
On passe devant quelques restos mais MaiZhen a un objectif : le KFC qu'elle a vu depuis le taxi. On marche en traversant quelques rues "normales" (ni minuscules, ni démesurées, quoi), puis on arrive devant un énorme carrefour, où la grande rue qu'on longe depuis tout-à-l'heure croise une autre rue de taille équivalente. Manque de chance, le KFC est dans le coin opposé. On pourrait traverser, comme quelques courageux s'y essaient sous nos yeux, mais il n'y a ni feux rouges ni passage pour piétons, et inutile de dire que les véhicules ne se préoccupent pas des gens qui traversent. De plus, il doit y avoir des travaux pas très loin, car on voit toujours des files de camions chargés de terre qui passent par là, et on ne tient pas trop à se mesurer à eux. Il y a aussi une passerelle qui franchit tout le carrefour, mais problème : elle est très haute (il faut bien faire passer les camions en dessous...), et on y accède par un escalier. On a pris la poussette et pas de porte-bébé, et on se sent un peu trop fatigué pour porter Ulysse en poussette jusque là-haut. On laisse donc tomber, et on se rabat sur le restaurant qu'on a vu en arrivant.
Il y a du monde, donc on doit attendre un peu sur un banc. Pas de problème pour MaiZhen, qui discute avec des adolescents attablés à côté pour savoir ce qui est bon. Au bout d'un moment on nous fait asseoir, mais très vite on en a assez que les serveurs passent très près d'Ulysse (il n'y a pas beaucoup de place) et on décide d'emporter les plats à l'hôtel. Pendant que MaiZhen va au comptoir pour passer commande, attendre les plats et payer, je reste près de l'entrée et je m'amuse un peu avec Ulysse. Surprise, personne ne vient le voir ou me demander de le prendre en photo, ça doit être parce que tout le monde mange. Au bout d'un moment une serveuse m'apporte un verre de thé (comme ça se fait souvent), puis MaiZhen arrive avec les plats et on rentre à l'hôtel.
On mange dans la chambre, on s'occupe encore un peu d'Ulysse qui ne dort pas tout de suite, puis finalement on s'écroule tous.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire